La mémoire et l’oubli

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

La mémoire est un état de conscience passé qui a laissé un souvenir dans le cerveau. Ce souvenir peut être évoqué par l’homme selon sa volonté. Pour Bergson, dans « Matière et Mémoire », le souvenir est purement spirituel, telle une image à reconstituer. Alors que la mémoire est purement mécanique, assemblant des liaisons neuromusculaires dans le cerveau.

La phénoménologie, avec Merleau-Ponty, ajoute que le souvenir serait plutôt un aide-mémoire qui fait appel à des actes passés pour les rappeler à la conscience.

Mais la mémoire est parfois transfigurée au bout d’un certain temps. Les images ne sont plus les mêmes, elles se sont effacées, simplifiées. Le souvenir s’est alors intellectualisé. En même temps, les images du passé se sont enrichies par les expériences et les évènements vécus après. Tel Rousseau dans « Rêveries d’un promeneur solitaire », qui poétise sa vie passée à vagabonder en l’embellissant grâce à sa vie présente.

Cependant, le souvenir n’est pas toujours voulu par la personne qui peut préférer le refouler et l’oublier involontairement dans l’inconscience parce qu’il est insupportable à sa vie ou contraire aux exigences de sa conscience morale. Ainsi l’oubli est un mécanisme de défense qui refuse l’accès à la conscience aux désirs inavouables, préservant ainsi notre psychisme.

C’est alors que peuvent apparaitre des symptômes, révélateurs de cet inconscient refoulé, mais incompréhensible par le sujet lui-même.

Pourtant il serait impossible, d’après Nietzche dans « La Généalogie de la morale », de se souvenir de tout. Cela nous empêcherait de jouir du moment présent et donc d’atteindre le bonheur.

Oublier peut donc alors être salvateur pour nous permettre de continuer d’avancer, de progresser, de grandir… et d’atteindre, grâce à cet oubli, la liberté.

 

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