Notre jugement est-il toujours vrai ?
Le jugement (époché en grec) est une affirmation. Une affirmation sur un contenu que nous posons comme vérité. Une croyance — en tant qu’assentiment de l’esprit — que le concept (ou bien la proposition énoncée) sont vrais. La croyance résulte de l’évidence des signes alors que le doute résulte de la contradiction. Dans la croyance, l’idée est claire alors que dans le doute, les idées sont confuses.
En conséquence, c’est donc l’idée qui s’affirme comme étant vraie et « je suis donc », selon la remarque de Spinoza, « assuré(e) de sa vérité ». Ainsi, la certitude devient donc une évidence.
Et pourtant, nous pouvons affirmer quelque chose de faux, tout en étant sûrs que cela est vrai. Ce serait donc, comme le pense les sceptiques, notre volonté qui assurerait que ce que nous voyons est vrai et pas seulement le fait de le voir. C’est pour cela que nous nous trompons. Parce que nous accordons comme vraie une affirmation précipitée d’un concept ou d’une idée qui n’est pas claire.
Ainsi, croire qu’il fera beau demain repose sur la raison qui a le droit de penser cela même si ce n’est pas le cas, cela n’engage que moi.
Alors que croire en la sincérité d’une personne engage un acte de foi qui impose à la personne concernée de ne pas me décevoir. Croire et avoir confiance dans le potentiel de son enfant disait Alain, « est comme un soleil qui mûrira les fruits et les fleurs » de cet enfant.
Ce sont nos désirs et nos passions qui vont nous inciter à donner notre assentiment à des idées qui nous plaisent et que nous aimerions être vraies même si elles ne le sont pas.
Là est toute la difficulté. Être capable de se détacher de son imagination — enrichie par nos besoins et nos passions — pour atteindre la croyance vraie, celle qui repose sur la logique et pas sur la subjectivité, celle qui est réellement et pas celle que nous voudrions qu’elle soit.