Être libre est-ce agir sans contrainte ?
La liberté, c’est être libre, sans contrainte. « Libre » vient du latin « liber ». Pour les Anciens, un homme « libre » est un homme qui n’obéit qu’à lui-même contrairement à l’esclave qui doit se soumettre à l’autorité de son maitre.
Mais ne pas avoir de contrainte, en s’abandonnant à ses désirs, est-ce réellement la liberté ?
Pour Spinoza, cela ne suffit pas. Dans son « Traité théologico-politique », il précise « qu’être captif de son plaisir c’est le pire esclavage ». Donc agir librement, serait plutôt d’agir de façon réfléchie afin de ne pas regretter son acte. Celui-ci étant ensuite difficile à réparer.
Pour le stoïcien Epictète, être libre c’est accepter l’ordre providentiel de la nature. Ainsi, le meilleur moyen de ne pas subir ce qui m’arrive c’est de le vouloir pleinement.
L’esclave serait donc celui qui laisse son âme être prisonnière de ses désirs, ceux-ci allant à l’encontre de la nature. Cela signifie que la liberté n’a rien à voir avec la condition sociale. En effet, l’esclave demeure libre tant que ce qu’il veut va dans le sens de ce que veut la « nature ». Il s’agit donc de s’en remettre au destin.
Spinoza va plus loin : pour lui « la nature est soumise à la nécessité » écrit-il dans « l’Éthique ». Ainsi, la liberté serait-elle liée à notre ignorance des choses véritables qui nous gouvernent. L’homme n’est-il pas esclave des erreurs de ses sens, de ses illusions ?
Pour Spinoza, on accède à la liberté par la connaissance. En comprenant que ce qui nous arrive était nécessaire, qu’elle faisait partie d’un tout dont je ne suis qu’un maillon.
Descartes pensait que la liberté se manifeste dans notre pouvoir de choisir, de faire des choix. Comme l’âne de Buridan qui ne parvient pas à choisir entre boire de l’eau ou manger une portion d’avoine et qui préfère mourir plutôt que prendre une décision. Faire un choix, c’est opter, pour Descarte pour « la liberté d’indifférence », c’est avoir le pouvoir de prendre une décision sans que rien ne l’emporte sur autre chose.
Cela est différent lorsque l’on est confronté à un choix important qui engage notre avenir. C’est notre volonté, notre libre arbitre qui va nous aider à trancher et à choisir la meilleure des solutions et qui nous rend maitres de nos actions. Nous sommes ainsi entièrement responsables de nos actes et de nos décisions.
Le déterminisme, qui relie les événements entre eux par des lois constantes et universelles, permet à l’homme de se libérer en se servant de ses lois pour avancer, tel le navire pris en exemple par Alain dans un de ces "Propos" qui réussit à avancer malgré des vents contraires.
C’est pourquoi, pour garantir la liberté de l’homme, des lois sont-elles écrites dans une société. C’est « le contrat social » de Rousseau qui fait qu’en obéissant à ces lois, le citoyen n’obéit en fait qu’à lui-même tout en préservant la liberté de tous.