Être conscient, est-ce être libre ?

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

Étymologiquement, le mot conscience signifie « savoir ensemble ».

Ainsi, par le biais de la conscience spontanée, notre esprit à la faculté de saisir ce qui se passe en nous et en dehors de nous et c'est grâce à la conscience réfléchie - c'est-à-dire au fait qu'il va y avoir une réflexion, un retour de notre esprit sur lui-même - que je vais pouvoir analyser mes propres réactions.

Il en découle qu’un sujet est capable de juger de la valeur morale de ses intentions et de ses actes.

Ainsi, si pour Descartes, « je pense donc je suis », comme il dit dans son célèbre « cogito », le sujet est une chose qui pense parce qu'il est doué de conscience.

Cependant, le sujet que nous sommes n'est pas un simple spectateur des choses puisque nous sommes des sujets engagés dans le monde. Husserl explique avec sa théorie de « l'intentionnalité » que toute conscience est la mise en relation d'un sujet avec un objet, autrement dit, que toute conscience est conscience de quelque chose.

Cependant, prendre conscience du monde, ce monde dans lequel nous vivons, c'est poser le monde comme un objet, un objet d'étonnement, un objet d'exploration, en face du sujet que nous sommes.

D'une certaine façon, le sujet va donc mettre le monde à distance, tout en affirmant son identité personnelle.

Kant prend l'exemple d'un enfant qui parle d'abord de lui à la 3e personne, puis, en grandissant, l’enfant parle de lui à la 1èrepersonne : Kant explique qu’auparavant l'enfant ne faisait que se sentir maintenant il se pense.

Mais ce faisant, la conscience nous sépare, non seulement du monde, mais aussi de nous-mêmes. Ainsi, Sartre fait-il remarquer que prendre conscience que l'on est timide par exemple, ce n'est plus être timide, mais l’être en conscience. D’un côté, on a le moi, qui est timide, et, de l’autre, on a le « je » qui sait que le moi est timide. Ainsi, pour Sartre, conscient de ne pas être ce que je suis, je ne puis que jouer à être ce que je ne suis pas : toute conscience est donc comédie.

Nous pouvons dire également que si la conscience me sépare de l'objet, c'est également pour mieux assurer ma prise sur lui. C'est pour cela que l'on dit que la conscience est à la racine de l'effort, du choix et de la synthèse mentale.

La conscience apparaît à chaque fois que l’automatisme de l'habitude ne suffit plus pour résoudre le problème qui nous sollicite.

Bergson a montré que la conscience est étroitement liée à l'action : c'est en quelque sorte un pont jeté entre le passé et l'avenir. D'une certaine façon, la conscience va rassembler et organiser nos expériences passées pour nous préparer à affronter les évènements à venir.

C'est pour cela que l'on dit qu’être conscient, c'est chercher la meilleure solution pour résoudre un problème. C'est m’aviser que je peux agir de telle manière ou de tel autre, en ce sens on peut dire que la conscience est liberté.

 

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