La conscience fabrique d’illusion
On a coutume d'opposer le sujet, à l'objet. Ainsi, il y aurait, d'un côté la personne vivante et consciente d'elle-même et, de l'autre, la chose inerte et sans âme.
Prenons l'exemple d'une pierre. Concevons cette chose simple qu'est une pierre. Elle, reçoit une quantité précise de mouvement d'une cause extérieure qui lui donne l'impulsion. Par la suite, l'impulsion de la cause extérieure ayant cessé, la pierre poursuivra nécessairement son mouvement.
Ensuite, concevons maintenant, que la pierre pense tandis qu'elle poursuit son mouvement. Elle sait qu'elle s'efforce autant qu'il est en elle de poursuivre ce mouvement. Et bien dans la mesure où elle n'est consciente que de son effort et qu'elle est tout sauf indifférente, cette pierre croit être parfaitement libre et persévéra dans son mouvement sans nul autre cause que parce qu'elle le veut, croit-elle.
Cette histoire a été raconté par Spinoza dans une Lettre en 1674.
En vertu du principe d’inertie, nous savons qu’une pierre en mouvement tant à persévérer dans son mouvement. Elle, poursuit son mouvement à la même vitesse et selon une trajectoire rectiligne tant que rien ne l'arrête ou ne la dévie, comme un frottement par exemple. Si cette pierre prenait soudainement conscience de son mouvement, elle s’imaginerait qu'elle roule, ainsi, librement.
Or, la réalité est tout autre. La pierre ne tient pas cette impulsion d'elle-même, mais d'une « cause externe ». Cette illusion viendrait du fait qu’elle ignore la véritable cause de son mouvement.
Il en est de même des hommes dont les désirs différant viennent de l'influence d'éléments extérieurs sur eux. Les hommes se vantent d'être libre, mais cette fameuse liberté consiste uniquement dans le fait que les hommes sont conscients de leurs appétits et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.
« C'est ainsi, écrit Spinoza, que le bébé croit librement appéter le lait ; que l'enfant en colère croit vouloir la vengeance et que le peureux croit vouloir fuir ».
Mais les hommes ne forgent cette croyance que parce qu'ils sont à la fois conscients de leurs désirs et ignorant des véritables causes de leur désir.
Spinoza soutient donc que la conscience fabrique des illusions parce qu'elle est seulement partielle : c'est sous l'effet de l'ignorance que les hommes s'enferment dans des préjugés sur eux-mêmes.