Sommes-nous aujourd'hui le même qu’hier ?

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

Nos états psychologiques et physiques sont changeants et multiples.

Le temps passe. Et les ravages du temps, sur notre être, laissent des traces indélébiles.

Quand vous regardez des photos de votre enfance dans l’album de famille et que vous vous regardez dans la glace en même temps, vous vous apercevez que vous avez beaucoup changé.

Pourtant, vous savez intuitivement que c'est bien vous ce bébé qui dort, cet adolescent qui rit.

Malgré le temps écoulé qui a transformé votre corps et votre esprit, vous êtes toujours essentiellement la même personne.

« Nos états de conscience changent, mais la conscience demeure identique dans la colère ou la joie, nous sommes toujours, fondamentalement, la même personne » affirme Kant.

Si nous avons la conviction d'être toujours la même personne, malgré la diversité de nos états de conscience, c'est parce que la conscience semble réaliser une unité.

Mais si avoir conscience, c'est toujours avoir conscience de soi, cette conscience de soi n'est pas, contrairement à ce que pense Descartes, connaissance de soi.

« J'ai conscience que je suis et non pas de ce que je suis » écrit Kant.

Donc lorsque je pense, que je lis (du verbe lier) ou que je lis (du verbe lire), je fais acte, à la fois, de synthèse et de liberté.

Penser, c’est relier. La pensée unifie nos représentations. La conscience rassemble mais ne se connaît pas. 

La conscience ne peut pas maîtriser l'écoulement temporel qui lui rappelle sa condition mortelle.

L'homme alors se détourne du passé, du présent : « ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre » écrit Pascal.

Seul le divertissement (du latin divertere, se détourner de) c’est-à-dire l'agitation, les contacts sociaux, l'activité professionnelle, les responsabilités, lui permettent de supporter la vie.

Car l'homme ne supporte pas de rester seul avec lui-même.

Le temps et l'existence. Les 2 éléments clés, le temps et la mort sont pourtant ce qui définit le mieux l'existence humaine.

Le sens de la temporalité est en effet partie intégrante de l'humanité de l'homme. Il habite nos projets ou nos souvenirs, nos promesses, ou nos remords, mais aussi la totalité de nos actes.

Mais nous savons aussi que ce temps est limité, destiné à finir. Notre existence se définit de manière essentielle par rapport à l'horizon de la mort, qui demeure à la fois inéluctable et inconnaissable.

On peut dire que cette alliance de savoir (nous sommes conscients d'être mortel) et d'ignorance (nous ne savons pas ce qui signifie exactement « être mort ») caractérise l'existence humaine.

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