Les hérissons et l’importance de l’Autre
Shopenhauer, pour expliquer la distance idéale a recours à une allégorie celle des hérissons issus d’une légende sibérienne : des hérissons se trouvent dans un endroit désert et gelé. La neige et la glace les entourent : ils ont froid. Ils grelottent, éloignés les uns des autres, frigorifiés et risquant de mourir de froid. Ils ont alors l’idée de se rapprocher physiquement pour se réchauffer. Ce faisant, ils finissent par se blesser avec leurs poils hérissés et piquants. Alors les hérissons prennent de la distance et s’éloignent les uns des autres pour ne plus éprouver cette souffrance. Mais, alors, ils souffrent à nouveau du froid glacial qui leur perce les os. Dilemme…
Ainsi font les hommes qui sont incités à se rapprocher, s’unir à l’autre et à se regrouper. Mais qui découvrant les défauts de l’autre, les font s’en éloigner.
Pourtant nous ne nous pourrions pas vivre sans le regarde de l’autre, car c’est ce regard qui nous donne une existence qui nous renvoie une image de nous telle que l’autre la voit.
Freud a repris à son compte cette histoire en se demandant si nous sommes des hérissons qu’elle est la juste distance pour avoir chaud sans se faire mal ?
C’est tout le paradoxe de la relation à autrui l’autre, cet alter ego, cet autre soi-même, qui en même temps est différent de soi, séparé, et aussi "moi", en tant que sujet.
Autrui est donc à la fois un autre et le même. C’est pourquoi la relation à l’autre est essentielle pour prendre conscience de son existence propre. C’est par sa présence, par son regard, qu’autrui me fait prendre conscience de ce que je suis. Pour savoir que j’existe, j’ai besoin de cet autre.
Malgré cela, Sarte n’a-t-il pas dit, dans l’Etre et le néant, que « l’enfer, c’est les autres » ?