L’important, c’est l’intention

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

« C’est l’intention qui compte » dit l’adage populaire.

L’intention représente un but. Dans la morale kantienne, l’intention est synonyme de « bonne volonté ».

« L’intention d’un homme, c’est son action » a dit Aristote dans la Rhétorique.

Intention vient du latin, « De intentio », « tendre vers », « viser ». D’origine scolastique où il désigne essentiellement un acte de la volonté, ce mot est associé à la phénoménologie conçue par Husserl.

L’intentionnalité selon Edmund Husserl, c’est la particularité foncière et générale qu’à la conscience « d’être conscience de quelque chose ». L’intentionnalité désigne la transcendance de la conscience.

En ce sens, toute conscience est intentionnelle. Elle est conscience de quelque chose. Il n’y a pas de conscience de rien. La conscience est ainsi indissociable de ce dont elle a conscience.

Hegel dira que l’intention est ce qui se situe « dans » l’esprit d’un agent « avant » qu’il n’agisse et qu’il serait la cause de son action, qui elle, en serait l’effet.

Pour la phénoménologie, l’intention est une orientation de la conscience qui donne un sens à l’objet de la conscience. L’intention est soit perception, soit imagination, soit souvenir d’un objet… Et elle n’existe pas hors de la relation à cet objet.

Jean-Paul Sartre poursuivra en disant que la conscience vise les choses à travers un projet qui confronte l’homme à sa propre liberté, ce qui paradoxalement est source d’angoisse. Le regard d’autrui nous enferme dans le statut de « chose » et nous prive de notre liberté. Nous sommes dans le regard d’autrui placés sur le même plan que les objets extérieurs. Du même coup, le regard d’autrui ne saisit pas ce que nous sommes pour lui et ne rend pas compte de notre liberté fondamentale.

Plus tard, Levinas conduira la phénoménologie en deçà de la conscience et de son rapport à l’être ontologique, en nous invitant à comprendre que ce n’est pas moi, mais l’autre qui me fait sujet, conscience, responsabilité.

Existe-t-il alors des actes gratuits ? La question reste posée.

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