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Qu’est-ce que la Justice ?

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

La justice devrait logiquement se définir par l’égalité. Autrement dit, pour être juste un acte devrait être identique pour chacun.

Pourtant, les hommes ne sont pas égaux en fait : aux inégalités naturelles (inégalité de santé ou d’aptitudes) s’adjoignent des inégalités sociales.

Aristote dans son « Éthique à Nicomaque » distingue 3 types de justice : la justice commutative que l’on trouve dans les échanges, les contrats. Dans ce cas, les biens échangés sont de même valeur. C’est donc une égalité arithmétique. La justice distributive qui s’applique à la répartition des biens et qui se fait en fonction des services rendus ou des qualités de chaque personne. Il s’agit d’une égalité géométrique. Enfin, la justice rectificative ou corrective qui concerne les sanctions, proportionnelles à la gravité de la faute.

Pour Aristote, le juste « est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l’égalité ».

La justice existe donc que les hommes soient égaux en droit. C’est pour cela que cette égalité est inscrite dans la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » du 26 aout 1789. Cela signifie que tous les hommes doivent avoir une égale reconnaissance de leur dignité humaine. C’est ce qui fonde, en démocratie, l’égalité civile. Homme ou femme, riche ou pauvre, devraient donc avoir les mêmes droits (et il est tentant d’ajouter, les mêmes devoirs).

Mais l’inégalité des conditions ne remet-elle pas en question cette égalité des droits ? En plus, il faut distinguer la loi morale, dont parle Aristote - qui est la règle d’action que tout homme ou femme raisonnable doit observer - et la règle sociale, ou coutume, en vigueur dans la collectivité autrement appelée le « droit positif ». Celui-ci, dans l’idéal, devrait être, comme le pense Montesquieu dans « l’Esprit des lois », la réplique exacte du droit naturel que la raison reconnait comme moralement fondé, tout en étant adapté aux conditions spécifiques de chaque pays.

Cependant, ce « droit naturel » est dans les faits plutôt la résultante des évènements subits par une société au cours de son histoire. C’est pourquoi des pratiques autorisées dans un pays sont interdites dans un autre.

C’est la raison pour laquelle, lors de dissensions, on s’en remet à un juge chargé de parler « au nom de la loi » et dont le jugement doit être suivi.

Pour Aristote, tout manquement à la justice crée une inégalité entre les hommes. Contrairement à la loi du Talion qui consiste à infliger le même châtiment que celui subit, mais en ne faisant pas de différence entre la faute volontaire et la faute involontaire.

Ainsi, une justice équitable consisterait-elle à tenir compte des intentions du coupable et à définir la punition qui en résulte en fonction de ceux-ci plutôt qu’en fonction de la gravité de l’acte.

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Pourquoi « devons-nous » ?

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

L’exigence morale se présente à notre conscience sous forme d’une obligation ou d’un devoir. Il s’agit donc de quelque chose que l’on se sent obliger de faire, même si cela est contraire à nos intérêts : « Je dois ».

Mais pourquoi « devons-nous » ?

Pour le sociologue E. Durkheim, notre conscience est l’écho de la conscience collective, autrement dit des exigences de la société qui s’exprime en nous et ainsi façonne notre morale. C’est pourquoi il estime que le devoir est collectif et coercitif, c’est-à-dire contraignant. Nous devons parce que les usages dans la société nous l’imposent.

Mais ce faisant, nous serions donc aliénés, esclaves, d’une autorité extérieure à nous même qui nous impose sa loi. Et nous n’oserions pas nous y opposer — comme l’a pourtant fait Antigone qui, refusant les lois écrites de la cité, dirigée par Créon, et a préféré écouter la voix de sa conscience morale en rendant à son frère les honneurs funèbres dus à son rang.

Comment résoudre cette dissonance ? Kant propose une solution avec son impératif catégorique.  

Bien sûr, la morale kantienne oblige à obéir à une loi, à une règle stricte. Mais pour lui, c’est la personne humaine qui est à la source du devoir. Ainsi, pour Kant nous obéissons à notre propre raison.

L’impératif catégorique de Kant est un impératif absolu et inconditionnel. Nous devons « agir toujours de telle sorte que la maxime de notre action puisse être érigée en règle universelle » (1er commandement). En effet, avant d’agir demandons-nous « et si tout le monde en faisant autant » ? Nous décidons ainsi, en conscience, si notre acte est bon ou mauvais.

Ce faisant, nous respectons l’autre comme une personne, et non comme un objet, sans chercher à l’exploiter. C’est ce que dit Kant dans son 2ème commandement : « agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité en toi et chez les autres, comme une fin et jamais seulement comme un moyen ».

C’est ainsi, que l’autonomie morale kantienne expose que nous sommes soumis à une loi que nous même décidons, et, par voie de conséquence, tous les hommes y sont également soumis : « agis toujours de telle sorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant une législation universelle » (3ème commandement).

Attention cependant à ce que cette autonomie de devoir se fasse avec une intention pure, c’est-à-dire par pur respect du devoir : nous agissons ainsi parce que c’est notre devoir et pas parce que cette action nous apporte un quelconque intérêt.

Cependant, l’homme à une sensibilité qui l’incline a des passions de l’âme qui le poussent parfois à avoir envie de s’éloigner de son devoir. C’est pourquoi il est nécessaire de montrer à une personne l’avantage personnel ou de lui faire peur par la crainte d’un châtiment pour qu’une personne se rallie à son devoir. Et ainsi imposer le devoir afin qu’il se confonde avec notre raison.

Mais entre la nature animale de nos instincts et la sainteté de nos actions, il existe cet effort pour atteindre le devoir moral, comme une jouissance de satisfaction d’avoir fait ce que nous devions faire en notre âme et conscience.

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Être libre est-ce agir sans contrainte ?

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

La liberté, c’est être libre, sans contrainte. « Libre » vient du latin « liber ». Pour les Anciens, un homme « libre » est un homme qui n’obéit qu’à lui-même contrairement à l’esclave qui doit se soumettre à l’autorité de son maitre.

Mais ne pas avoir de contrainte, en s’abandonnant à ses désirs, est-ce réellement la liberté ?

Pour Spinoza, cela ne suffit pas. Dans son « Traité théologico-politique », il précise « qu’être captif de son plaisir c’est le pire esclavage ». Donc agir librement, serait plutôt d’agir de façon réfléchie afin de ne pas regretter son acte. Celui-ci étant ensuite difficile à réparer.

Pour le stoïcien Epictète, être libre c’est accepter l’ordre providentiel de la nature. Ainsi, le meilleur moyen de ne pas subir ce qui m’arrive c’est de le vouloir pleinement.

L’esclave serait donc celui qui laisse son âme être prisonnière de ses désirs, ceux-ci allant à l’encontre de la nature. Cela signifie que la liberté n’a rien à voir avec la condition sociale. En effet, l’esclave demeure libre tant que ce qu’il veut va dans le sens de ce que veut la « nature ». Il s’agit donc de s’en remettre au destin.

Spinoza va plus loin : pour lui « la nature est soumise à la nécessité » écrit-il dans « l’Éthique ». Ainsi, la liberté serait-elle liée à notre ignorance des choses véritables qui nous gouvernent. L’homme n’est-il pas esclave des erreurs de ses sens, de ses illusions ?

Pour Spinoza, on accède à la liberté par la connaissance. En comprenant que ce qui nous arrive était nécessaire, qu’elle faisait partie d’un tout dont je ne suis qu’un maillon.

Descartes pensait que la liberté se manifeste dans notre pouvoir de choisir, de faire des choix. Comme l’âne de Buridan qui ne parvient pas à choisir entre boire de l’eau ou manger une portion d’avoine et qui préfère mourir plutôt que prendre une décision. Faire un choix, c’est opter, pour Descarte pour « la liberté d’indifférence », c’est avoir le pouvoir de prendre une décision sans que rien ne l’emporte sur autre chose.

Cela est différent lorsque l’on est confronté à un choix important qui engage notre avenir. C’est notre volonté, notre libre arbitre qui va nous aider à trancher et à choisir la meilleure des solutions et qui nous rend maitres de nos actions. Nous sommes ainsi entièrement responsables de nos actes et de nos décisions.

Le déterminisme, qui relie les événements entre eux par des lois constantes et universelles, permet à l’homme de se libérer en se servant de ses lois pour avancer, tel le navire pris en exemple par Alain dans un de ces "Propos" qui réussit à avancer malgré des vents contraires.

C’est pourquoi, pour garantir la liberté de l’homme, des lois sont-elles écrites dans une société. C’est « le contrat social » de Rousseau qui fait qu’en obéissant à ces lois, le citoyen n’obéit en fait qu’à lui-même tout en préservant la liberté de tous.

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Suivre les principes de la morale

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

Lorsque les 2 anges entrent dans la ville de Sodome pour sauver Lot, ils assistent à des scènes de luxure et de débauche. Les hommes semblent être heureux et prendre du plaisir. Seul, Lot est assis devant sa maison à les regarder sans participer à leur festoiement. Il accueille chaleureusement les 2 anges et les fait entrer chez lui. Les habitants pensent alors qu’il reçoit des espions chez lui. Lot doit se sauver avant que la ville ne soit détruite.

La joie qu’éprouvent les habitants n’est que factice et passagère. Elle ne peut les conduire au bonheur.

Pourtant, il nous arrive à tous d’avoir envie de « s’éclater », de profiter de la vie en buvant un verre, en fumant une cigarette… ou en cherchant un plaisir éphémère pour nous détendre et nous changer les idées. Et ce faisant, on bafoue la morale en pensant que demain est un autre jour.

Et le lendemain, lorsque nous sortons de notre torpeur, nous prenons conscience de notre erreur.

Nous sommes libres d’agir comme bon nous semble. Tout comme Lot, nous pouvons rester et accepter cela sans y participer ou bien fuir vers d’autres contrées plus en accord avec la morale.

Lors d’une catastrophe naturelle, il est parfois difficile de convaincre des gens de tout quitter et de tout perdre pour garder la vie. Tout comme le font la femme et les filles de Lot qui ne pressent pas pour partir alors que la ville va être détruite. Peut-être sous-estime-t-elle la gravité du châtiment.

Souvent, il n’y a pas d’autres choix que de partir, de nous enfuir, d’un lieu malsain pour nous. Mais encore faut-il en prendre conscience à temps et ne pas attendre qu’il soit trop tard.

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Pour juger, il faut savoir

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

Les villes de Sodome et Gomorrhe sont devenues synonymes de mauvaises conduites. Elles doivent donc être détruites. Abraham s’interroge sur le motif de cette destruction ? Qu’ont-elles fait de si grave ? Et surtout, toutes les personnes doivent-elles disparaitre, ou bien le mal ne vient peut-être que de certaines personnes ? Et dans ce cas, les autres devraient être épargnés. C’est ainsi que si Abraham trouve 50 justes dans cette ville alors la ville sera épargnée.

Il ne faut jamais condamner sans avoir pesé, le pour et le contre. Souvent, à l’école ou dans la vie, nous avons tendance à condamner d’un bloc un ensemble de personnes alors qu’une seule est fautive. En plaidant la cause des Justes, Abraham se fait leur avocat. Il se réfère pour cela à la métaphore du blé : on ne jette pas une mesure de blé pour quelques grains pourris. Il faut savoir faire le tri entre le bon et le mauvais. Mais cette métaphore peut aussi se comprendre autrement : si dans un sac, des grains de blé sont pourris, ils vont faire pourrir les autres grains sains. C’est la même chose pour les humains : le mal peut corrompre les justes, rien qu’en les influençant ou cherchant à être imité. Le mauvais esprit gagne ainsi tout le monde.

C’est pour cela qu’il faut veiller à respecter la morale et à s’en montrer digne.

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Comment repérer un jugement vrai ?

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

La vérité est une valeur qui se rapporte à nos pensées ou à nos jugements. La vérité est donc ce qui qualifie, et donne de la valeur, à une allégation. Pour Spinoza : « la vérité est, elle-même, son propre signe ». Ainsi, le jugement vrai se révèle vrai par son évidence de véracité.

Descarte s’était lui aussi fixé comme règle de ne juger vrai que ce qui se donne clairement et immédiatement comme vrai.

Mais sur quel critère juger cette évidence ? N’est-ce qu’une simple impression, un sentiment ? Et dans ce cas comment juger de leur valeur ?

Ce qui revient à dire que l’impression que l’on a de la certitude de la vérité n’est pas suffisante pour caractériser un jugement vrai. Nous pouvons avoir l’évidence d’être dans le vrai alors que nous sommes en fait dans l’erreur.

Comment, dans ce cas, détecter les fausses évidences et savoir discerner le vrai du faux ? Il nous faut pour cela un critère objectif.

Souvent, nous avons tendance à prendre pour vrai les opinions auxquelles nous sommes habituées. Les idées nouvelles ont du mal à se faire accepter.

Cela revient à dire qu’une idée sera qualifiée de vrai ou de fausse selon sa conformité à la réalité.

Mais quelle est cette réalité ?

Notre connaissance se limite à notre image, à notre expérience du monde qui n’est que la copie de la réalité. Le monde en soi, le monde tel qu’il est, nous échappe nécessairement.

Aussi, le vrai serait ce qui est vérifiable et non contradictoire par des preuves expérimentales.

La vérité est donc relative. Elle est dépendante des progrès techniques qui permettent de la mettre en expérimentation. Tel un enquêteur qui recherche des preuves à l’aide des dernières techniques d’investigation.

La vérité est donc soumise à l’avancée des techniques de vérification. C’est la raison pour laquelle, pour Bachelard « le monde scientifique est notre vérification ».

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