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La conscience fabrique d’illusion

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

On a coutume d'opposer le sujet, à l'objet. Ainsi, il y aurait, d'un côté la personne vivante et consciente d'elle-même et, de l'autre, la chose inerte et sans âme.

Prenons l'exemple d'une pierre. Concevons cette chose simple qu'est une pierre. Elle, reçoit une quantité précise de mouvement d'une cause extérieure qui lui donne l'impulsion. Par la suite, l'impulsion de la cause extérieure ayant cessé, la pierre poursuivra nécessairement son mouvement.

Ensuite, concevons maintenant, que la pierre pense tandis qu'elle poursuit son mouvement. Elle sait qu'elle s'efforce autant qu'il est en elle de poursuivre ce mouvement. Et bien dans la mesure où elle n'est consciente que de son effort et qu'elle est tout sauf indifférente, cette pierre croit être parfaitement libre et persévéra dans son mouvement sans nul autre cause que parce qu'elle le veut, croit-elle.

Cette histoire a été raconté par Spinoza dans une Lettre en 1674.

En vertu du principe d’inertie, nous savons qu’une pierre en mouvement tant à persévérer dans son mouvement. Elle, poursuit son mouvement à la même vitesse et selon une trajectoire rectiligne tant que rien ne l'arrête ou ne la dévie, comme un frottement par exemple. Si cette pierre prenait soudainement conscience de son mouvement, elle s’imaginerait qu'elle roule, ainsi, librement.

Or, la réalité est tout autre. La pierre ne tient pas cette impulsion d'elle-même, mais d'une « cause externe ».  Cette illusion viendrait du fait qu’elle ignore la véritable cause de son mouvement.

Il en est de même des hommes dont les désirs différant viennent de l'influence d'éléments extérieurs sur eux. Les hommes se vantent d'être libre, mais cette fameuse liberté consiste uniquement dans le fait que les hommes sont conscients de leurs appétits et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.

« C'est ainsi, écrit Spinoza, que le bébé croit librement appéter le lait ; que l'enfant en colère croit vouloir la vengeance et que le peureux croit vouloir fuir ».  

Mais les hommes ne forgent cette croyance que parce qu'ils sont à la fois conscients de leurs désirs et ignorant des véritables causes de leur désir.

Spinoza soutient donc que la conscience fabrique des illusions parce qu'elle est seulement partielle : c'est sous l'effet de l'ignorance que les hommes s'enferment dans des préjugés sur eux-mêmes.

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Sommes-nous aujourd'hui le même qu’hier ?

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

Nos états psychologiques et physiques sont changeants et multiples.

Le temps passe. Et les ravages du temps, sur notre être, laissent des traces indélébiles.

Quand vous regardez des photos de votre enfance dans l’album de famille et que vous vous regardez dans la glace en même temps, vous vous apercevez que vous avez beaucoup changé.

Pourtant, vous savez intuitivement que c'est bien vous ce bébé qui dort, cet adolescent qui rit.

Malgré le temps écoulé qui a transformé votre corps et votre esprit, vous êtes toujours essentiellement la même personne.

« Nos états de conscience changent, mais la conscience demeure identique dans la colère ou la joie, nous sommes toujours, fondamentalement, la même personne » affirme Kant.

Si nous avons la conviction d'être toujours la même personne, malgré la diversité de nos états de conscience, c'est parce que la conscience semble réaliser une unité.

Mais si avoir conscience, c'est toujours avoir conscience de soi, cette conscience de soi n'est pas, contrairement à ce que pense Descartes, connaissance de soi.

« J'ai conscience que je suis et non pas de ce que je suis » écrit Kant.

Donc lorsque je pense, que je lis (du verbe lier) ou que je lis (du verbe lire), je fais acte, à la fois, de synthèse et de liberté.

Penser, c’est relier. La pensée unifie nos représentations. La conscience rassemble mais ne se connaît pas. 

La conscience ne peut pas maîtriser l'écoulement temporel qui lui rappelle sa condition mortelle.

L'homme alors se détourne du passé, du présent : « ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre » écrit Pascal.

Seul le divertissement (du latin divertere, se détourner de) c’est-à-dire l'agitation, les contacts sociaux, l'activité professionnelle, les responsabilités, lui permettent de supporter la vie.

Car l'homme ne supporte pas de rester seul avec lui-même.

Le temps et l'existence. Les 2 éléments clés, le temps et la mort sont pourtant ce qui définit le mieux l'existence humaine.

Le sens de la temporalité est en effet partie intégrante de l'humanité de l'homme. Il habite nos projets ou nos souvenirs, nos promesses, ou nos remords, mais aussi la totalité de nos actes.

Mais nous savons aussi que ce temps est limité, destiné à finir. Notre existence se définit de manière essentielle par rapport à l'horizon de la mort, qui demeure à la fois inéluctable et inconnaissable.

On peut dire que cette alliance de savoir (nous sommes conscients d'être mortel) et d'ignorance (nous ne savons pas ce qui signifie exactement « être mort ») caractérise l'existence humaine.

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